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Ateliers dirigés en Maternailes

1. Atelier dirigé autour d’un projet de petit livre A4

Atelier

Un groupe d’enfants travaille à une même table ou dans le même espace, généralement sur une activité similaire.

Dirigé

L’adulte encadre l’atelier soit parce qu’il souhaite conduire l’apprentissage, soit parce que les enfants ne peuvent gérer seuls les différentes étapes de l’activité.

Projet

La classe s’engage dans un projet de réalisation ou d’événement dont l’atelier n’est généralement qu’une étape. Dans le meilleur des mondes pédagogiques, le projet est à l’initiative des enfants. Dans la pratique, il est souvent initié par l’enseignant. C’est tout du moins ce qui se passe dans ma classe. Avec un projet, nous essayons de donner plus de sens aux apprentissages, plus d’engagement (mais cela n’intéresse pas forcément tous les élèves), d’associer différents champs disciplinaires, d’amener progressivement les enfants à identifier et programmer les différentes étapes nécessaires à sa réalisation (un volet délicat à mener). Le projet permet de passer du « faire » au « concevoir » et d’aller vers plus d’émancipation.

Exemple : Le petit livre « La famille clown »

Un travail préparatoire a déjà été mené en graphisme et en écriture (voir les articles suivants). La réalisation des pages demande plusieurs ateliers.
L’enfant doit dessiner les cheveux du clown (des boucles) et écrire le texte en capitale d’imprimerie ou en cursive, en fonction de ses compétences. Ceux qui ne sont pas encore prêts à écrire la totalité d’un mot peuvent simplement coller des étiquettes dans l’ordre.

L’enseignant

Il encadre l’atelier d’écriture qui permet de faire le point sur les apprentissages des enfants.
L’atelier de graphisme, d’illustration est tenu par l’Atsem.

Les élèves

Six enfants maximum sont accueillis. Dans notre classe, ils s’inscrivent toutes sections confondues.
Grâce au groupe, au mélange des sections, ils partagent leurs trouvailles plastiques, échangent, s’entraident (et affinent leur expertise).
Toutes les productions trouvent ici une place et chaque enfant part avec un petit livre singulier où chaque clown a son propre style capillaire !

2. Atelier échelonné d’écriture

Échelonné

Différents niveaux de difficultés sont proposés d’emblée aux élèves. Les enfants ne les explorent pas en fonction de leur section mais en fonction de leurs compétences. Comme ils s’inscrivent plusieurs fois à un atelier (inscription multiple), ils peuvent changer d’échelon si besoin pour être plus en accord avec leur compétence ou apprendre à écrire d’autres lettres, d’autres mots. Ce tâtonnement pour trouver son bon niveau n’est pas une perte de temps. L’enfant en apprend beaucoup sur lui-même et l’apprentissage. L’enseignant ne peut pas pré-supposer le niveau d’un élève à l’avance vue la diversité des enfants, même au sein d’une seule section.

Exemple : L’ atelier échelonné d’écriture avec Abécécriture

Cet atelier s’inscrit dans le projet de production d’un petit livre A4 : « La famille clown ». On apprend à écrire des mots pour le légender. Différents échelons sont proposés :
Niveau 1 : Savoir écrire quelques lettres en capitales d’imprimerie, celles des mots PAPA, MAMAN…
Niveau 2 : Savoir écrire les mots en capitales, en respectant l’horizontalité et l’orientation de gauche à droite
Niveau 3 : Savoir écrire des lettres cursives en respectant le sens des tracés, les points de départs
Niveau 4 : Savoir écrire des mots en cursive en respectant les liaisons.
Au fur et à mesure de sa progression, l’enfant note ses réussites sur le brevet et visualise l’étape suivante.

L’enseignant

Il accompagne les enfants en fonction de leur niveau. Il est très présent avec les plus jeunes pour l’apprentissage des tracés des lettres dans la farine puis sur la fiche d’Abécécriture.
Les plus experts travaillent en autonomie à partir du brevet.
Le mélange des sections permet d’être plus disponible pour ceux qui en ont le plus besoin, généralement les PS.

Les enfants

Six enfants maximum s’inscrivent à cet atelier, toutes sections confondues. S’il y a beaucoup de PS, je réduis le nombre de places. Le système d’inscription souple le permet. Grâce aux différents échelons, à l’inscription multiple, tous les enfants trouvent matière à progresser quel que soit leur niveau.

Téléchargement des fiches d’écriture

Les fiches pour écrire Papa et Maman sont téléchargeables gratuitement en bas de la page d’Abécécriture.

3. Atelier graphique d’exploration

Exploration

Au sein de l’atelier, l’enfant explore le dispositif à sa façon.
Un large éventail de réponses est possible. L’élève essaie, observe, recommence, commente, analyse, échange, collabore,  innove et progresse en empruntant un chemin qui lui est propre. On se rapproche du tâtonnement expérimental.

Exemple : L’atelier de graphisme

Il s’agit de tracer des boucles sur les moutons. Une boucle ici, une autre là, une suite de boucles, vers le haut, vers le bas, alignées, en étoiles, petites, très grandes, régulières, alternées, parallèles, en changeant de couleur…
Un large éventail de graphismes est possible !
Il y a pour cette phase d’exploration de grandes surfaces de tableaux disponibles dans la classe, à la verticale sur les murs ou à l’horizontale sur une table.

L’enseignant

Il observe les enfants, aide ceux qui s’approprient plus difficilement le tracé, encourage les initiatives et les défis, relance avec des propositions d’exemples issus de la classe (à partir des nombreuses photographies prises dans la classe). Il organise si besoin les rotations sur les différents supports.
Dans notre classe, ce n’est pas l’enseignant qui gère cet atelier mais Nelly, notre fabuleuse ATSEM !

Les enfants

Six enfants maximum s’inscrivent à cet atelier, toutes sections confondues. Ils travaillent seuls ou collaborent avec une personne de leur choix. Ils peuvent s’inscrire plusieurs fois et ne s’en privent pas, pour améliorer leur performance, s’approprier les pistes d’un copain ou tout simplement pour le plaisir de bien faire.

4. Atelier semi-dirigé autour d’un bricolage

Bricolage

L’école maternelle, dans l’imaginaire collectif, c’est LA fabrique à objets ! Parents, enfants, enseignants, tout le monde se réjouit de ces bricoles rapportées à la maison. À nous d’en faire, autant que possible, un temps d’apprentissages qui dépassent la simple motricité fine.

Semi-dirigé

L’enseignant n’intervient qu’à une étape de l’atelier, ici à l’ouverture. Puis les enfants travaillent en autonomie ou avec l’ATSEM

Exemple : Les pommes de pin de Noël

Il s’agit pour les enfants de coller 4 boules blanches, 4 vertes et 4 rouges sur une pomme de pin.

L’enseignant

Il intervient à l’ouverture de l’atelier. Comment réunir quatre boules de chaque couleur ? Nous faisons un inventaire des procédures connues du groupe (comptage, organisation spatiale du 4, association avec 4 doigts…).
Comment être sûr qu’il y en a bien 4, même si on ne sait pas compter ? (Collection temoin, correspondance terme à terme avec un dessin, un duplo de 4 picots…)
Un défi calcul pour les les GS et MS volontaires : Ils reçoivent une barquette contenant 1 rouge, 2 verts, 3 blancs et doivent commander ce qui leur manque (le complément à 4) en le représentant (dessin ou écriture de la quantité).

Les enfants

Six enfants maximum s’inscrivent à cet atelier, toutes sections confondues.
Ils préparent leur matériel, vérifient la collection puis collent les boules avec du vernis colle pendant que l’enseignant quitte la table pour ouvrir un autre atelier (un des avantages de l’ouverture progressive des ateliers).

5. Atelier échelonné décroché de tri

Décroché

Cet atelier ne s’inscrit dans aucun projet, il n’a aucun lien avec la vie de la classe. Mais il s’insère dans une progression d’apprentissages qui évolue au fil des mois, en fonction des besoins observés, des aventures de la classe, avec toujours les compétences de fin de cycle en ligne de mire.

Exemple : Atelier de tri et tableau à double entrée

Les enfants ont déjà appris à trier des formes géométriques simples au cours d’un atelier préalable.
Il s’agit maintenant d’exercer un tri plus fin (plus de formes et de nuances de couleurs) pour remplir différents tableaux :
Niveau 1 : un seul critère de tri, forme ou couleur, pour renseigner un tableau à colonnes ou rangées
Niveau 2 : deux critères de tri, forme et couleur, pour renseigner un tableau à double entrée.
Niveau 3 : Introduction de la négation (pas rouge/ pas rond) pour complexifier la logique du tri (S’il n’est pas vert, il peut être…)

L’enseignant

Il présente les différents tableaux, accompagne les enfants dans leur recherche.

Les enfants

Six enfants maximum s’inscrivent à cet atelier, toutes sections confondues. Ils notent leurs réussites sur un brevet qui leur permet aussi de réguler leur travail : qu’est-ce que je peux encore faire ? Est-ce que je peux tenter un niveau supérieur ?

Comme ils s’inscrivent plusieurs fois, beaucoup évoluent par rapport à leur première participation, trouvent le niveau qui leur permet de progresser en s’inspirant bien souvent des autres.

6. Atelier dirigé créatif

Créatif

Au fil d’une progression ou au détour d’une découverte fortuite, les élèves sont amenés à créer leur propre production. Aucune ne sera identique (en dehors des « copies » volontaires des incorrigibles copains-copines.) C’est l’imagination, l’inspiration, les appropriations, les possibles plastiques et expressifs qui constituent le fil rouge de cet atelier.
Cela ne signifie pas que l’enseignant n’intervient pas.

Exemple : Un bonhomme avec des chatons de bouleaux

Un matin en rentrant de vacances, nous avons trouvé plein de chatons de bouleaux dans la cour. Nous les avons ramassés ainsi que des brindilles.

Toutes les semaines, nous réalisons un bonhomme en utilisant des techniques variées, pour représenter différentes postures. La cueillette des chatons va s’insérer dans notre parcours : nous allons réaliser une composition plastique personnelle pour représenter un personnage.

L’enseignant

Il fixe d’abord le cadre. « Avec ces chatons, chacun va essayer de fabriquer un bonhomme. Nous le photographierons. Si vous avez besoin d’aide ou d’autre matériel, demandez-moi ! »
J’observe les enfants, je propose des enrichissements à partir d’autres créations, de matériel disponible (lentilles, bâtons, crayons…) et quand le sujet s’y prête, je présente des œuvres d’artistes. Je soutiens des enfants qui ont des difficultés motrices par exemple, je leur transmets des astuces, trouvailles en cas de découragement. Il s’agit de les accompagner dans le processus de création en les laissant autant que possible en rester les acteurs. Une posture délicate à tenir.

Les enfants

Cet atelier a été mené en demi-classe avec des MS/GS. Les enfants ont pu profiter de l’ingéniosité des autres. Le fait de ne pas coller leur a permis de faire évoluer leur bonhomme, de tester différents effets visuels. Cela a produit un bel engagement de chacun pour construire, modifier, enrichir, recommencer sa création et la publier sur notre compte Twitter !

7. Atelier autour d’un projet numérique collectif : le livre des couleurs

Projet numérique

Les tablettes rendent les productions multimédias accessibles : l’oral trouve enfin sa feuille de papier. L’enfant s’y enregistre, s’écoute, améliore sa production orale avec l’aide de l’enseignant. Chaque enfant peut alors produire sa part d’un projet de classe.

Collectif

Dans les exemples précédents, chaque enfant produit pour lui un objet, un livre…
Le projet peut aussi devenir collectif, être celui de toute la classe : chaque enfant réalise des pages d’un livre commun, une partie d’un spectacle, arrose les plantations de tous… Chaque élève y trouve une place, quelles que soient ses compétences. Et l’autre n’est plus seulement celui qui arrache le camion rouge des mains, il peut être celui pour qui on arrose les radis, celui qui écrit le texte d’une affiche quand on ne sait pas encore le faire…

Un exemple : L’imagier des couleurs

Chaque page du livre est une photographie d’objets de la classe d’une même couleur.

L’enseignant

Il encadre cet atelier pour proposer, si besoin, des formulations orales enrichies, d’un niveau juste supérieur à celle de l’enfant. Il invite chaque enfant à participer et à contrôler sa parole. Il faut parler au moment voulu et se taire quand ce n’est pas son tour. Tout un apprentissage !

Les enfants

En fonction de leur niveau de maitrise, ils s’enregistrent et s’écoutent en autonomie, s’approprient les propositions de l’enseignant pour un deuxième jet et se font discrets quand c’est le tour d’un autre. Ils valident leurs réussites sur le brevet en fin d’atelier.

8. Des caractéristiques croisées : au jardin

Les catégories présentées plus haut s’entrecroisent bien souvent. Un atelier revêt beaucoup de ces caractéristiques.

Exemple : les radis

On retrouve la dynamique du projet autour du jardinage, à la fois collectif quand il s’agit d’entretenir le potager et individuel quand il s’agit de cueillir SON radis !
Le dessin d’observation, aussi riche soit-il, est presque décroché : il nous permet de garder une trace de la cueillette, mais en a-t-on besoin pour enfin les déguster ? Il est semi-dirigé : les enfants poursuivent seuls la phase de dessin.
Il y a une part d’exploration quand on cherche comment dessiner ce que l’on voit. Certains essaient au tableau d’abord, s’inspirent des autres.
Il n’est pas échelonné parce qu’il n’y pas de différenciation en amont. Le même défi est relevé par tous : dessiner un radis au plus près de ce que l’on voit. Mais chacun pourra apporter sa réponse.
Toutes les productions, aussi différentes les unes des autres, sont intégrées, collées précieusement dans le cahier d’élève. Aucune n’est jugée.

Point commun

L’intégration de tous, dans l’esprit des cycles d’apprentissages, est au cœur de ces ateliers. Tous les ateliers présentés ici, partagent ce point commun. À chaque fois, en arrière plan se pose cette question : « Comment accueillir tous les parcours des enfants et leur permettre de progresser, quels que soient leurs pas, leur orientation, leur bagage, leur section. « 
Une question délicate à laquelle je ne trouve pas toujours de réponse.

9. Bilan en carte heuristique